MONSIEUR OURS
1 INT. SALON – JOUR
En silence, UNE FLAQUE DE SANG s'étend peu à peu sur le sol, lentement. Au bord, UNE MAIN, indistincte. En même temps, LE VENT se fait entendre et commence à bruisser dans les arbres, comme s'ils étaient à l'intérieur. UN COURT RIRE D'ENFANT JOYEUX déchire le silence.
2 GENERIQUE SUR FOND NOIR
Le vent bruisse toujours dans les arbres. La rumeur de la ville est à peine perceptible.
Des rires et des cris joyeux d'enfants qui s'amusent un peu plus loin se font entendre et se rapprochent lentement.
3 EXT. UN PARC – APRÈS-MIDI
La face d'un OURS EN PELUCHE regarde en face de lui et semble sourire, éclairé par un rayon de soleil.
Le bras d'UNE PETITE FILLE est passé sur son ventre, le maintenant contre elle, et l'ours est un peu balloté.
L'enfant gambade joyeusement près de sa MÈRE, sur un chemin goudronné dans un parc. Elles arrivent à une aire de jeux pour enfants.
La petite fille, tout sourire, embrasse le sommet du crâne pelucheux de l'ours, et court rejoindre les jeux, la peluche toujours sous le bras.
La mère s'installe un peu plus loin sur un banc, seule, et sort un livre. La petite fille essaie de grimper à un jeu, mais l'ours l'encombre et la gêne. UN HOMME s'approche et prend la peluche pour l'aider, mais la petite lui arrache l'ours des mains et le repousse.
Puis elle repart jouer à un autre jeu.
La mère, qui avait levé la tête de son livre pour observer la scène, s'apprête à replonger dans son bouquin, quand elle stoppe son mouvement, pour mieux regarder l'homme, qui ne semble pas accompagné d'un enfant.
Un léger sourire se dessine sur son visage.
L'homme surprend son regard, et la mère rougit, prise en flagrant délit, mais il lui sourit franchement, et la salue de la tête.
La mère rayonne, et repose définitivement le livre.
L'homme la rejoint sur son banc.
Du haut d'un des jeux, un peu plus loin, la petite fille aperçoit sa mère et l'homme en train de discuter même si leurs paroles sont inaudibles, et elle s'arrête de jouer immédiatement.
Elle voit l'homme, tout proche de sa mère, poser sa main sur le genou de celle-ci pendant qu'il parle. La mère éclate de rire, et pose sa main sur celle de l'homme. Leurs yeux ne se quittent pas.
La petite fille fronce les sourcils et les regarde d'un mauvais oeil. Elle serre un peu plus fort contre elle l'ours en peluche dans ses bras, tourné aussi vers la mère et l'homme et qui semble observer la scène.
La face de la peluche est plongée dans l'ombre, et ne semble pas apprécier elle aussi ce qu'elle voit.
4 INT. SALON – JOUR
Le rebord de la cheminée est recouvert de PHOTOS.
Aux extrémités, plusieurs photos de la mère et de sa fille s'amusant, puis au centre et repoussant les autres cadres, des photos avec l'homme, très proche de la mère tandis que la petite fille et son ours sont en retrait.
Plus loin dans l'entrée de la maison, l'homme et la mère s'enlacent et s'embrassent. La petite fille les rejoint du salon et tend les bras pour demander un câlin à sa mère. L'homme la repousse de la main, sans même un regard, et de façon à ce que la mère ne le voit pas.
La petite fille le regarde, de la colère contenue crispant un peu son visage.
5 INT. SALLE A MANGER – CREPUSCULE
Le couple et la fillette sont en train de manger. L'ours est à coté de la petite fille, sur une chaise, comme un humain.
La petite fille ne réagit pas, et la mère regarde alternativement l'homme et sa fille, inquiète. L'homme se lève et attrape l'ours mais la fillette s'y agrippe. Il finit par le lui arracher des mains et il le jette en dehors de la pièce.
6 INT. SALON – NUIT
La mère part travailler. Alors qu'elle ouvre la porte pour s'en aller, la petite fille accourt, l'ours toujours à la main, et se jette dans les bras de sa mère.
La mère, troublée, repousse délicatement la petite fille.
Elle fait se retourner la petite fille. Devant elles se tient l'homme, le visage obscurci.
La petite fille secoue négativement la tête.
Elle sort et ferme la porte à clé.
L'homme arrache la peluche des bras de la fillette et la jette à la poubelle.
La petite fille frappe l'homme de toute ses forces avec ses petits poings en gémissant. Cela ne lui fait pas mal, mais son visage s'obscurcit encore. Il lui saisit le bras avec violence et la traine dans sa chambre où il l'enferme.
7 INT. SALON – NUIT
L'homme fume une cigarette dans le noir, seulement éclairé par la lumière bleutée de la TELEVISION ALLUMÉE et le ROUGEOIEMENT de la cigarette. Il est assis seul sur le canapé du salon obscur et zappe frénétiquement, un verre de whisky posé sur la table basse devant lui. Seules quelques bribes de sons des chaînes de la télévision percent le silence.
Un bruit étrange, comme des griffes raclant le sol, et semblant provenir de l'obscurité d'un coin de la pièce, fait sursauter l'homme. Il coupe le son de la télévision.
La petite fille sort de l'ombre, des marques rouges des doigts de l'homme zébrant son bras là où il l'a saisie précédemment. Elle a toujours son ours en peluche dans les bras.
Un puissant rugissement d'ours mêlé à un cri de rage de la petite fille retentissent dans la pièce, tandis que se découpe sur le mur éclairé par la télévision l'ombre d'un gros ours. L'homme hurle de peur et de douleur.
8 INT. SALON – JOUR
En silence, la flaque de sang s'étend peu à peu sur le sol, lentement.
Le verre de whisky et son contenu sont renversés sur la table basse.
Une cigarette à moitié consumée repose près de la main ensanglantée de l'homme, au bord de la flaque de sang.
Des clés trifouillent de l'extérieur la serrure de la porte d'entrée. La mère rentre.
Elle voit la petite fille à genoux avec son ours en peluche, aspergée de sang, le cadavre de l'homme à proximité. Elle se précipite sur sa fille et la serre dans ses bras, choquée par la scène.
9 GENERIQUE DE FIN SUR FOND NOIR
FIN
En silence, UNE FLAQUE DE SANG s'étend peu à peu sur le sol, lentement. Au bord, UNE MAIN, indistincte. En même temps, LE VENT se fait entendre et commence à bruisser dans les arbres, comme s'ils étaient à l'intérieur. UN COURT RIRE D'ENFANT JOYEUX déchire le silence.
2 GENERIQUE SUR FOND NOIR
Le vent bruisse toujours dans les arbres. La rumeur de la ville est à peine perceptible.
Des rires et des cris joyeux d'enfants qui s'amusent un peu plus loin se font entendre et se rapprochent lentement.
UNE PETITE FILLE
(chantant)
Monsieur l'Ours réveille-toi
Tu as assez dormi comme ça
Et à trois éveille-toi Un ! Deux ! ...
(chantant)
Monsieur l'Ours réveille-toi
Tu as assez dormi comme ça
Et à trois éveille-toi Un ! Deux ! ...
3 EXT. UN PARC – APRÈS-MIDI
La face d'un OURS EN PELUCHE regarde en face de lui et semble sourire, éclairé par un rayon de soleil.
Le bras d'UNE PETITE FILLE est passé sur son ventre, le maintenant contre elle, et l'ours est un peu balloté.
L'enfant gambade joyeusement près de sa MÈRE, sur un chemin goudronné dans un parc. Elles arrivent à une aire de jeux pour enfants.
La petite fille, tout sourire, embrasse le sommet du crâne pelucheux de l'ours, et court rejoindre les jeux, la peluche toujours sous le bras.
La mère s'installe un peu plus loin sur un banc, seule, et sort un livre. La petite fille essaie de grimper à un jeu, mais l'ours l'encombre et la gêne. UN HOMME s'approche et prend la peluche pour l'aider, mais la petite lui arrache l'ours des mains et le repousse.
LA PETITE FILLE
Il ne faut pas toucher à Monsieur Ours !
Il ne faut pas toucher à Monsieur Ours !
Puis elle repart jouer à un autre jeu.
La mère, qui avait levé la tête de son livre pour observer la scène, s'apprête à replonger dans son bouquin, quand elle stoppe son mouvement, pour mieux regarder l'homme, qui ne semble pas accompagné d'un enfant.
Un léger sourire se dessine sur son visage.
L'homme surprend son regard, et la mère rougit, prise en flagrant délit, mais il lui sourit franchement, et la salue de la tête.
La mère rayonne, et repose définitivement le livre.
L'homme la rejoint sur son banc.
Du haut d'un des jeux, un peu plus loin, la petite fille aperçoit sa mère et l'homme en train de discuter même si leurs paroles sont inaudibles, et elle s'arrête de jouer immédiatement.
Elle voit l'homme, tout proche de sa mère, poser sa main sur le genou de celle-ci pendant qu'il parle. La mère éclate de rire, et pose sa main sur celle de l'homme. Leurs yeux ne se quittent pas.
La petite fille fronce les sourcils et les regarde d'un mauvais oeil. Elle serre un peu plus fort contre elle l'ours en peluche dans ses bras, tourné aussi vers la mère et l'homme et qui semble observer la scène.
La face de la peluche est plongée dans l'ombre, et ne semble pas apprécier elle aussi ce qu'elle voit.
4 INT. SALON – JOUR
Le rebord de la cheminée est recouvert de PHOTOS.
Aux extrémités, plusieurs photos de la mère et de sa fille s'amusant, puis au centre et repoussant les autres cadres, des photos avec l'homme, très proche de la mère tandis que la petite fille et son ours sont en retrait.
Plus loin dans l'entrée de la maison, l'homme et la mère s'enlacent et s'embrassent. La petite fille les rejoint du salon et tend les bras pour demander un câlin à sa mère. L'homme la repousse de la main, sans même un regard, et de façon à ce que la mère ne le voit pas.
La petite fille le regarde, de la colère contenue crispant un peu son visage.
5 INT. SALLE A MANGER – CREPUSCULE
Le couple et la fillette sont en train de manger. L'ours est à coté de la petite fille, sur une chaise, comme un humain.
L'HOMME
(désignant l'ours en peluche du menton)
Vire-moi ça de la table!
(désignant l'ours en peluche du menton)
Vire-moi ça de la table!
La petite fille ne réagit pas, et la mère regarde alternativement l'homme et sa fille, inquiète. L'homme se lève et attrape l'ours mais la fillette s'y agrippe. Il finit par le lui arracher des mains et il le jette en dehors de la pièce.
L'HOMME
(la foudroyant du regard)
Tu es trop grande pour ce genre de chose maintenant.
Je ne veux plus te revoir avec.
(la foudroyant du regard)
Tu es trop grande pour ce genre de chose maintenant.
Je ne veux plus te revoir avec.
6 INT. SALON – NUIT
La mère part travailler. Alors qu'elle ouvre la porte pour s'en aller, la petite fille accourt, l'ours toujours à la main, et se jette dans les bras de sa mère.
LA PETITE FILLE
Emmène-moi avec toi.
C'est tous les trois qu'on forme une famille.
Toi, moi, et Monsieur Ours. Pas lui.
Emmène-moi avec toi.
C'est tous les trois qu'on forme une famille.
Toi, moi, et Monsieur Ours. Pas lui.
La mère, troublée, repousse délicatement la petite fille.
LA MERE
Qu'est-ce que tu racontes ?
C'est vraiment méchant ce que tu dis là.
Excuse-toi.
Qu'est-ce que tu racontes ?
C'est vraiment méchant ce que tu dis là.
Excuse-toi.
Elle fait se retourner la petite fille. Devant elles se tient l'homme, le visage obscurci.
La petite fille secoue négativement la tête.
LA MERE
Je dois partir, je suis en retard.
Mais à mon retour,
je veux que cette histoire soit réglée.
Je dois partir, je suis en retard.
Mais à mon retour,
je veux que cette histoire soit réglée.
Elle sort et ferme la porte à clé.
L'HOMME
(fixant la petite fille)
Qu'est-ce que je t'avais dit ?
Il est temps de grandir.
(fixant la petite fille)
Qu'est-ce que je t'avais dit ?
Il est temps de grandir.
L'homme arrache la peluche des bras de la fillette et la jette à la poubelle.
La petite fille frappe l'homme de toute ses forces avec ses petits poings en gémissant. Cela ne lui fait pas mal, mais son visage s'obscurcit encore. Il lui saisit le bras avec violence et la traine dans sa chambre où il l'enferme.
7 INT. SALON – NUIT
L'homme fume une cigarette dans le noir, seulement éclairé par la lumière bleutée de la TELEVISION ALLUMÉE et le ROUGEOIEMENT de la cigarette. Il est assis seul sur le canapé du salon obscur et zappe frénétiquement, un verre de whisky posé sur la table basse devant lui. Seules quelques bribes de sons des chaînes de la télévision percent le silence.
Un bruit étrange, comme des griffes raclant le sol, et semblant provenir de l'obscurité d'un coin de la pièce, fait sursauter l'homme. Il coupe le son de la télévision.
L'HOMME
Il... Il y a quelqu'un ?
Il... Il y a quelqu'un ?
La petite fille sort de l'ombre, des marques rouges des doigts de l'homme zébrant son bras là où il l'a saisie précédemment. Elle a toujours son ours en peluche dans les bras.
LA PETITE FILLE
Monsieur Ours n'est pas content,
il n'est pas content du tout.
Monsieur Ours n'est pas content,
il n'est pas content du tout.
L'HOMME
Quoi ? Qu'est que tu racon...
Quoi ? Qu'est que tu racon...
LA PETITE FILLE
(le coupant en chantant)
Monsieur l'Ours réveille-toi
Tu as assez dormi comme ça
Et à trois éveille-toi
Un ! Deux ! Trois !
(le coupant en chantant)
Monsieur l'Ours réveille-toi
Tu as assez dormi comme ça
Et à trois éveille-toi
Un ! Deux ! Trois !
Un puissant rugissement d'ours mêlé à un cri de rage de la petite fille retentissent dans la pièce, tandis que se découpe sur le mur éclairé par la télévision l'ombre d'un gros ours. L'homme hurle de peur et de douleur.
8 INT. SALON – JOUR
En silence, la flaque de sang s'étend peu à peu sur le sol, lentement.
Le verre de whisky et son contenu sont renversés sur la table basse.
Une cigarette à moitié consumée repose près de la main ensanglantée de l'homme, au bord de la flaque de sang.
Des clés trifouillent de l'extérieur la serrure de la porte d'entrée. La mère rentre.
Elle voit la petite fille à genoux avec son ours en peluche, aspergée de sang, le cadavre de l'homme à proximité. Elle se précipite sur sa fille et la serre dans ses bras, choquée par la scène.
LA PETITE FILLE
Ne t'inquiète pas maman,
tout ira bien.
Maintenant, tout ira bien.
Ne t'inquiète pas maman,
tout ira bien.
Maintenant, tout ira bien.
9 GENERIQUE DE FIN SUR FOND NOIR
FIN
7 commentaires:
WAOU.
Vraiment, j'ai adoré lire.
Merci beaucoup, Fée.
Malheureusement, le court-métrage ne se fera pas. Pas cette année en tout cas. Peut-être un mal pour un bien.
J'aurai le temps de modifier le scénario, le développer, le laisser respirer, et le re-proposer pour mon projet de fin d'étude, dans deux ans, comme me l'a proposé mon prof de scénario, car il croit au projet et à ses qualités, et veut le voir en image.
Comme je l'ai dit, peut-être un mal pour un bien.
Parmi les plus belles pages que j'ai jamais traversées.
Merci de laisser les passants jeter un œil, le pied, un cœur, au fond du coffre ensablé.
La croix indélébile sur la carte,
le point à viser,
atteindre,
frôler.
- merveilles.
Non, merci à toi Bulle.
On aimerait te connaître.
(j')aimerais te connaître.
Tes mots, tes goûts, ces choix-là, disent un peu ce que tu es, comme une confidence tranquille, chuchotée dans le noir, au ventre, au coude, à l'oreille.
échos.
C'est si bon de poser le pied en pays familier.
La cachette sous la lune parle d'un homme, un enfant, une femme, qu'importe. Il y a là tout ce qui compose un bipède assumé ;). un bipède hors du rang, qui se donne à la marge, un pied dedans, un pied dehors..
C'est tout entier qu'on se voudrait immergé dans le noir fondu de lumière.
Peut-être un jour, se croisera-t-on quelque part.
Loup y fut, Loup y est,
y est passé, y reviendra... :)
Te lire, finalement, c'est t'avoir croisé dans la rue,
et souri.
Tes mots Bulle...
Tellement touchants.
Les gens qui me lisent savent des choses de moi que les autres ignorent. Et, parfois, que moi-même ignore.
D'une certaine façon, nous nous connaissons déjà.
Moi j'veux lire encore.
Enregistrer un commentaire