samedi 31 octobre 2009

samedi 17 octobre 2009

Qui ne dit mot consent



Le sang imbibe les draps. Pas beaucoup, juste quelques pétales rouges. Mais quelque chose cloche avec moi, je le sens bien. Sinon pourquoi ce sang ? Pourquoi là ? Entre mes cuisses. Quelque chose cloche.
Le corps de l'autre est affalé à côté. Endormi. Le repos du brave, le sommeil du juste. Me laissant seule, effrayée et souillée. Il fait froid. Me blottir contre lui n'est même pas envisageable. La vue de son corps nu me donne la nausée. Son contact me fait vomir. Je rabats les couvertures sur lui, il ne bronche pas. Je suis nue moi aussi. Tout cet étalage de peau me gêne. Mais il fait trop noir, et il a jeté mes vêtements tellement loin. Il fait si froid.
La douleur vrille mes cuisses. Shoote-toi à coup d'antalgiques ma grande, tu sais si bien faire. Pour dire la vérité, j'avalerai bien la plaquette entière. Tomber, m'assommer, oublier, effacer. Ce déballage de chair nue. Le sexe LE SEXE le sexe le sexe. Ce déballage de chair nue.
J'ai détourné le regard lorsqu'il s'est déshabillé, détourné le visage. Le rouge m'est monté aux joues, mon corps s'est crispé. J'ai voulu lui dire d'arrêter, je n'aimais pas ça, et le geignement inaudible est mort au barrage de mes lèvres cousues. Ma peau me démangeait, j'ai eu envie de me lacérer le corps. Il avait déjà retiré mes vêtements, ses mains moites avaient déjà parcourues mon corps, s'immisçant partout, et j'avais mordu mes lèvres pour ne pas crier pleurer gerber.
Il s'est déshabillé lui aussi, je l'ai entendu s'approcher. Il a pris ma main tremblante, et l'a posé sur son sexe. Hoquet de surprise, je l'ai retirée immédiatement. C'était si chaud.
Et maintenant il fait si froid. Aussi froid que lui quand il m'a grimpé dessus, quand il m'a pénétré, quand il a remué sur moi et en moi. Il a grogné plusieurs fois, le monstre qu'il était.
Je ne comprends pas les filles, elles déclarent être femmes après avoir fait l'amour. L'autre m'a fait l'amour, et je ne me sens pas femme. Je me sens déchirée.
Il est 4h du matin. L'autre dort. Quelque chose cloche. Ce sang. Je crois que je suis impure, souillée, alors mon corps expulse. Tout ce sang.
Il est 4h du matin. Le sang imbibe les draps. De grands bouquets de roses rouges. La tête me tourne, la douleur passe. Le sang imbibe les draps.









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vendredi 9 octobre 2009

Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin

"In the midst of them, the blackest and largest in that dark setting, reclined James Hook, or as he wrote himself, Jas."

-James M. Barrie-



Une bouteille (de rhum) à la mer




Précieuse W.,



Pleureras-tu le moment venu, pleureras-tu l'un de nos deux corps ?
Tu sais notre lutte immuable, elle ne finira que dans la mort de l'un. Je sais déjà vers qui tes larmes couleront. Pauvre W..



T'es-tu déjà demandé ce que nous ressentions, nous ? Pas ces foutus princes charmants, tous ces héros infantiles, et niais au-delà de l'imaginable; mais nous, les parias, les laissés-pour-compte, les bannis, les honnis, les mécréants, les misérables. Nous. Les Méchants.
Crois-moi, les princes charmants pensent avec leur bite, et elle ne vaut pas mieux qu'eux. Crois-moi, ton Peter, ton très cher et si tendre Peter, il est comme eux. C'est un gamin, un gamin qui ne veut pas grandir. Il n'y a pas pire. Un gamin qui pense avec sa queue, lui aussi. Où crois-tu que ce si noble Peter vole le soir, quand la nuit tombe, où crois-tu que ses escapades nocturnes le mènent ? Il ne s'attaque pas à nous, certainement pas de nuit, certainement pas sans sa fidèle troupe bavant devant ses exploits imaginaires, certainement pas seul. Tu crois ton Peter si redoutable ? Il m'a certes coupé une main et l'a jetée aux crocodiles, mais je l'ai séparé de son ombre une fois, et je pourrais très bien le refaire. Personne n'est rien sans son ombre. Peter n'est rien sans son ombre. Peter n'est rien. Et mon crochet l'attend.
Peter est lâche, il a peur de nous, de moi. Et il a raison. Peter est lâche. Lâche, pleutre et prétentieux. Volage. Qui crois-tu que Peter rejoint à la nuit tombée ? Où crois-tu que Lili la Tigresse ai trouvé son surnom ? Les indiens ont un faible pour l'alcool, et nous en avons des caisses entières sur mon navire. Hey oh oh and a bottle of rhum ! Devise pirate. Peter vole le rhum, et l'offre aux indiens. En échange, le Grand Manitou le laisse faire mumuse dans le tipi de Lili. La Tigresse. Le laisse baiser sa traînée de fille. Lili. La Tigresse. Pendant que toi, sous l'Arbre du Pendu, tu chantes une berceuse aux Garçons perdus, Lili chante de plaisir sous le corps de Peter. Elle gémit l'indienne. Oh, Pauvre W..
Peter est lâche, pleutre, prétentieux, faible, voleur et volage. Menteur. Sais-tu d'où viennes les Garçons Perdus, te l'a-t-il seulement dit ? Vous êtes si proches, te l'a-t-il donc dit ? Non, bien sûr que non. Petit Peter. Les Garçons Perdus ont toujours vécu à Neverland, ils sont nés à Neverland. Des fils d'hommes. Mes hommes. Fils de pirates. Laissés à terre tandis que nous naviguons sur les flots. Et Peter, sale petit Peter, il les a enlevés à leur mère. Volés, enlevés, kidnappés. Les Garçons Perdus. Nos Garçons Perdus. Devenus ses larbins, et lui leur dieu. Mais ses exploits sont fictifs, les histoires qu'il leur raconte ne sont que des contes pour enfants.
Horrible menteur. Meurtrier. Il a dansé autour du feu le sang de ton frère peint sur le visage. Il a le sang de ton frère sur les mains. Jean. Il voyait loin Jean avec ses lunettes, il voyait clair. Il se doutait. Et il a découvert Peter. Peter, Peter, Peter. Il a découvert Peter, la queue dans la bouche de Lili la salope. Peter n'a pas apprécié. Il a dansé autour du feu le sang de ton frère peint sur son visage.
Puis il a chassé Michaël, sourire aux lèvres. As-tu déjà remarqué qu'on voit ses gencives quand il sourit ? Un homme dont on voit les gencives quand il sourit est un homme à qui on ne peut pas faire confiance. Il a chassé Michaël. Il a demandé à Clochette de le mutiler. Elle lui a pris son oeil. Il a chassé Michaël. Je l'ai accueilli comme l'un des miens.
Clochette. Ne lui en veux pas trop. Clochette est aveugle. Peter n'a pas encore couché avec elle uniquement parce qu'elle est folle amoureuse de lui et qu'il le sait. Je la plains. Sincèrement. Je la plains. Elle a le mauvais rôle. Elle ne restera pour Peter qu'une amie, rien qu'une amie à utiliser. Clochette ferait tout pour lui par amour. Elle serait prête à tout. Comme boire du poison. Et il le sait. Oh bien sûr il la sautera un jour, quand Peter en aura marre de toi, douce W., il la sautera, mais sans sentiment. Ça brisera le petit coeur défait de fée de Clochette. Et je m'y connais en coeur brisé.
Peter n'est pas celui que tu crois. Il est semeur de mort et de destruction. Les corbeaux ne sont jamais loin. Près de lui, les corbeaux croassent et les mouches bourdonnent. Il est le Seigneur des Mouches.
Je te protègerai de lui, tendre W., je me battrai.
Notre lutte est immuable, il continuera à m'attaquer, par plaisir. Peter est un gamin. Par plaisir. Ou pour voler de l'alcool et des armes. Ou juste pour se battre. Peter est un gamin. Il aime l'alcool, les armes et se battre. C'est un gamin. Il n'y a rien de pire. Notre lutte est immuable, elle ne finira que dans la mort de l'un. Pleureras-tu le moment venu, pleureras-tu l'un de nos deux corps ? Vers qui tes larmes couleront, pauvre W.?



Ton dévoué Jas




dimanche 4 octobre 2009

Embrasse la Lune

-Chouette masque !
Oh s'il savait, s'il savait seulement, s'il savait comme il se trompe. Mon masque est laid, horriblement laid, une parodie grotesque de normalité. Le loup est dans la bergerie, ne pas effrayer les agneaux. Etre comme eux. Alors le masque, le commun, la laideur. Un loup dissimulé parmi les agneaux. Ils ne se rendent compte de rien. Gentilles petites bêtes. Ils ne soupçonnent même pas les griffes et les crocs. Naïves petites bêtes.
Mais ce soir, j'ai mis mon vrai visage. Laissé le masque à la tanière. Ce soir j'embrasse la Lune. J'ai mis mon vrai visage.
Ce sont eux, les porcs, qui sont déguisés. En prédateurs. Helloween, la fête sacrée. Ils se vautrent dans le mensonge pour un soir, revêtent la peau de leurs démons et croient ainsi qu'ils peuvent être braves eux aussi, ils se moquent de nous, les vrais que nous sommes, ils se moquent de nous en revêtant nos peaux, stupides petits cochons. Mais des porcs restent des porcs. Juste bons à être égorgés. Ils se moquent et ne voient pas le Loup qui marche à leur côté. Je les planterai comme ils se sont plantés sur mon compte. Douloureusement.
La Lune est haute, et la Lune est pleine. L'Heure de la Bête. L'heure où les loups sortent de leur tanière. Rien ne pousse au clair de lune, mais tout est révélé. Les moutons trembleront. Je les dévorerai. Car ce soir, j'ai mis mon vrai visage. Ce soir, j'embrasse la Lune.









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