vendredi 13 juillet 2012

La tête sous sa patte se débattait vainement. Il raffermit sa prise, planta ses griffes un peu plus profondément dans la chair de la victime, et le sang perla. Il maintint la tête de l’autre dans la boue, étouffant un gargouillis de noyé. De petites bulles grossirent et éclatèrent à la surface. Le corps fut pris de soubresauts, comme des spasmes, les griffes raclant désespérément le sol et la longue queue rose fouettant follement l’air, pour finir par s’immobiliser complètement. Il appuya encore sur la tête quelques instants, puis relâcha la pression. L’autre ne bougea pas. Un sourire garni de dents acérées se dessina sur son museau, tandis que la touffe hirsute de poils gris s’enfonçait dans la boue.
Qu’un-Œil s’écarta de la dépouille de son fils en boitant, sa patte arrière droite encore marquée par la morsure fraîche récoltée lors du combat. Fut un temps où il s’en serait sorti sans égratignure, malgré son œil aveugle. Il se faisait vieux. L’idée lui déplaisait. Un rat dominant en état de faiblesse était un rat mort. Il s’ébroua, pour chasser les mauvaises pensées. Il n’en était pas encore rendu là.
Les parois du tunnel tremblèrent, et une pluie de poussière et de terre tomba. Qu’un-Œil leva la tête, humant l’air, à l’affut, mais les secousses s’arrêtèrent. Il y en avait de plus en plus ces derniers temps. Et elles semblaient se rapprocher, inexorablement. Qu’un-Œil avait peur de ce qu’il se passerait si jamais elles les trouvaient. Quelque chose de mauvais, certainement. De macabre. Il eut la vision de centaines de rats flottant dans une boue épaisse et gluante de sang, tous morts, des vers blancs grouillant dans leurs fourrures. Il ne put réprimer un grognement. Les idées noires ne le quittaient plus depuis quelques jours, elles s’incrustaient dans son esprit comme la crasse des souterrains. Elles empoisonnaient même ses rêves, désormais. Cela faisait trop longtemps qu’il n’était pas allé voir la Pierre. La contempler, se baigner dans ses doux rayons lui ferait du bien.

mardi 26 juin 2012

Le chant du stryge


Le vent s’engouffra dans les grottes qui rongeaient la montagne, lugubre. Un carillon tinta, et le bruit évoqua des os s’entrechoquant. Mais dans l’obscurité et ce silence glacé, tout prenait un air sinistre.
Une rafale dispersa les cendres froides d’un ancien feu, et il neigea de gros flocons grisâtres. Lentement, ils recouvrirent les corps étendus sur le sol, comme un triste linceul. Les formes allongées, faméliques, étaient celles d’hommes et d’enfants, vêtus seulement de braies et de peaux de bêtes miteuses. Au village, situé à une demi-journée de marche des montagnes, on racontait de drôles de choses à leur sujet. Il se chuchotait qu’ils étaient les brigands qui détroussaient les honnêtes gens sur les chemins menant au village. Il se chuchotait qu’ils aimaient égorger les femmes avec leurs couteaux en os aiguisé. Il se chuchotait qu’ils dévoraient leurs victimes, se repaissaient de leur chair. Les villageois les appelaient les Ogres, et effrayaient leurs enfants en racontant de sordides histoires sur ces monstres.
Oui, il se disait beaucoup de choses sur ces êtres couchés par terre. Et certains avaient encore des morceaux de chair coincés entre leurs dents. La plupart portait des couteaux à la lame blanche, peut-être faite d’os, peut-être humain.
Malgré un teint cireux, leurs visages étaient paisibles. Ils semblaient simplement endormis. Mais aucun souffle ne soulevait leurs poitrines, et ils étaient aussi froids que la pierre sur laquelle ils reposaient.

A l’extérieur, les pins se courbaient sous les assauts du vent, tandis qu’une silhouette s’éloignait, ombre dans la nuit. Elle remonta un épais foulard sur ce qui lui servait de nez, et rabaissa son chapeau, plongeant entièrement son visage dans les ténèbres. Seuls ses yeux scintillaient, comme deux billes noires. Elle tapota un étrange fourreau à son côté, d’un air satisfait. Puis elle rabattit le pan de son long manteau par-dessus, et disparut dans la forêt.

On aurait pu croire que tout était silencieux, hormis le vent dans les pins et dans les grottes. Mais cela aurait été se tromper. Car si on tendait l’oreille, et qu’on écoutait attentivement, on entendrait le vent emporter des restes de mélodies, des bribes, de simples et faibles échos de notes de flûte.

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jeudi 26 avril 2012

Une personne sans secrets, c'est comme un épouvantail sans paille.
Les choses que personne ne sait font de nous ce que nous sommes.

jeudi 19 avril 2012

lundi 16 avril 2012

Lune d'encre

De son propre aveu, Face de Porc était un enfoiré.
Quel genre d'homme découpait ses ennemis en morceaux avec un hachoir de boucher ? Quel genre d'homme jetait cette barbaque à ses deux crocodiles ? Quel genre d'homme laissait son meilleur ami crever dans un caniveau, les tripes à l'air ? La réponse était simple. Un enfoiré. Peut-être pas le plus gros enfoiré que cette terre ait jamais porté, mais un bel enfoiré quand même.

dimanche 15 avril 2012

"Si tu n’as pas assez d’argent pour aller au cinema, alors va au zoo, si tu n’as pas assez d’argent pour aller au zoo, alors va voir un politicien."

-Stephen King-

vendredi 6 avril 2012

"My mission is to become eternal and to die."

-The Divine Comedy-

mardi 27 mars 2012


3DESTRUCT / Scopitone 2011 par lego_man


"Rêver, c'est franchir les frontières du monde physique, c'est entrer dans la lumière pure, c'est être illuminé et donc illuminer le monde à l'intention d'autrui."

-Shashi Deshpande-

samedi 24 mars 2012

"Mon expérience, Johnny, m’a prouvé que quatre-vingt-quinze pour cent des gens étaient des larves, un pour cent des saints, un pour cent des salopards. Les trois pour cent qui restent sont des gens qui font de leur mieux.."


"Au cinéma, le salut est bon marché. L’innocence aussi. Ca coûte le prix d’un billet, autrement dit pas grand chose. La vie, la vraie, est hors de prix, et on n’est jamais sûr du resultat."

-Stephen King-